CHAPITRE VI

 

 

 

 

Assis au pied d’un arbre à l’extrémité gauche de la plage, Cal regarde des enfants jouer dans l’eau, au loin. Ils nagent comme des chiens, c’est-à-dire n’importe comment à condition de s’agiter.

Il est tard dans l’après-midi. Un après-midi qui lui a paru interminable. Isolé dans un coin du bungalow, il se sentait inutile. Longtemps il est resté là, à observer la femme qui s’occupait de la nourriture, sortant de ces gros fruits jaunes une sorte de semoule verte qu’elle a mise sur une planche pour qu’elle sèche. Puis elle a utilisé un tison, provenant d’un pot de terre constamment alimenté en petit bois par le vieil homme, pour allumer un feu dehors, entre de grosses pierres. Sur le tout, elle a posé un récipient de métal grossier, une sorte de fonte, contenant de l’eau et des poissons vidés et écaillés, ainsi que des racines. Des poissons de deux sortes, genre anguilles d’abord, avec une chair rose, et d’autres, ventrus, avec de grosses écailles.

N’y tenant plus, il est passé dans la « chambre », à côté, fixer tant bien que mal la gaine du couteau à la ceinture du pagne. Puis il est sorti se promener, sans que personne ne lui dise rien. Louro, lui, avait quitté le bungalow depuis longtemps. Devant leurs habitations, des indigènes lui ont souri au passage, sans pourtant faire disparaître son cafard. En tout cas, ces gens sont hospitaliers. Même son isolement doit être une preuve de tact pour eux. Mais lui en souffre. Arrivé à la plage, il a marché longtemps avant de s’asseoir, là.

Du bruit. La fille de ce matin débouche des arbres en riant à un garçon dont elle tient le petit doigt de la main. Ils ont l’air si heureux que Cal a envie soudain de se lever et de partir avec la pirogue. Tournant la tête, la fille l’aperçoit et lui fait un signe de la main auquel il répond vaguement, le visage fermé.

Lentement, ils viennent vers lui et le gars lui balance une phrase qui amuse beaucoup la fille.

— Bon Dieu ! si tu te crois drôle, machin ! gueule Cal.

Il y avait un peu de désespoir dans sa voix et ils se sont arrêtés, interdits. Puis la fille dit quelques mots à son compagnon qui s’en va en trottant.

Elle vient s’arrêter devant lui, le visage grave, prononçant lentement une phrase évidemment incompréhensible et il a un geste las. Alors elle lui prend le bras qu’elle dirige vers sa poitrine.

— Cal, dit-elle.

Puis elle met sa propre main entre ses seins.

— Meztiyano.

Ses grands yeux le regardent, guettant sa réaction. L’idée est longue à le pénétrer. Elle doit traverser des couches si profondes de désespoir…

— Meztiyano ? fait-il soudain en se redressant et la montrant du doigt.

Elle a un petit claquement de langue qui déclenche un déclic dans sa mémoire. Sur Terre, une race, dans le passé, a utilisé le claquement de langue en guise d’acquiescement ! Ce devait être au Moyen-Orient, ou en Afrique peut-être. Aussitôt, il veut vérifier.

— Cal ? fait-il en se touchant la poitrine suivi d’un claquement de langue, une sorte de « oui » interrogateur.

Elle répond du même claquement de langue, en esquissant un sourire. Il enchaîne aussitôt en la montrant du doigt :

— Cal ?

— Lou. Meztiyano !

Elle a l’air déçu, pensant qu’il n’a rien compris, mais lui se sent brusquement délivré. Il vient d’apprendre deux mots : oui, le claquement de langue et non : lou. Il est sorti de son isolement ! Il se dresse et se met à répéter lou suivi du claquement de langue : oui, non, oui, non. Et Meztiyano comprend à son tour, se levant d’un bond et répétant dans sa langue : oui, non, oui, non.

Cal va en courant vers l’eau et en fait cascader dans ses mains avant de désigner la surface d’un air interrogateur. C’est maintenant le pas suivant, va-t-elle comprendre ?

Oui, elle sourit.

— Basoloz, dit-elle en montrant les gouttes sur la main de Cal.

Ça y est, c’est gagné ! Il va pouvoir apprendre leur langue. Il crie de joie, tellement soulagé qu’il a envie de faire le fou. D’un bond, il se jette dans l’eau et se laisse couler. Il y a moins d’un mètre d’eau et quand il revient à la surface, Meztiyano est là aussi, son paréo flottant légèrement autour d’elle. Elle lui paraît si belle, il est si heureux qu’impulsivement il saisit son visage entre ses mains, écartant les longs cheveux à peine dorés. Meztiyano se raidit pendant que son regard se voile légèrement. Mais Cal n’a rien vu, il est trop heureux, prenant sa main, il la porte à ses lèvres pour la baiser cérémonieusement.

— Princesse, je vous offre un bain, fait-il avec un geste large de l’autre bras, désignant le lac.

Puis il fait demi-tour et plonge jusqu’au fond, se laissant glisser puis remonter lentement à la surface sans faire un geste. Lorsqu’il ouvre les yeux, elle n’a pas bougé de place mais paraît infiniment étonnée. Elle dit quelque chose et se jette à l’eau, barbotant comme un cocker aux grandes oreilles blanches !

Elle est si drôle que Cal éclate d’un rire joyeux et elle tourne vers lui un visage contrarié. S’arrêtant de barboter, elle reprend pied et lui lance une phrase qu’il comprend sans traduction. La demoiselle est vexée et ne le cache pas, et de plus elle voudrait bien lui en voir faire autant ? Il s’incline respectueusement, lui adresse un baiser du haut des doigts et se lance dans l’eau en souplesse pour attaquer un crawl coulé du meilleur style, à cadence de trois, c’est-à-dire une respiration tous les trois temps, une fois à droite, une fois à gauche. La tête dans l’eau, il ne peut voir le visage de la jeune fille, au comble de la stupéfaction. Au bout de 20 mètres, il fait demi-tour et revient vers elle.

Cette fois, elle l’abreuve d’un vrai discours excité ! Il lui faut quelques secondes pour comprendre que c’est de sa façon de nager dont il est question. Apparemment, ce qu’il vient de faire lui paraît prodigieux. Au fond, c’est une idée… Par gestes, il lui fait signe de rester immobile, puis, lentement, sur place, il entreprend la démonstration du crawl. Le corps bien allongé dans l’eau d’abord, puis le mouvement des pieds puis des bras avec le rythme respiratoire. Après quoi, il se redresse et lui fait signe de s’allonger dans l’eau. Il glisse la main gauche sous son menton et la droite, après une imperceptible hésitation, sous son ventre. La tenir ainsi, si près, le trouble infiniment. Elle a un corps si souple… Quant à elle, elle n’est pas très à l’aise non plus.

Pour l’encourager, il fait quelques claquements de langue et elle tourne vers lui un visage heureux, complice, comprenant l’échange. Elle, lui apprendra sa langue, et lui, sa nage.

 

Longuement, ils ont répété les gestes et, après sa raideur du début, elle a montré des dispositions évidentes. Il est vrai qu’ici les enfants sont à l’eau dès leur enfance. Un peu avant de sortir du lac, il a entrepris, un peu par fanfaronnade, de lui faire une démonstration de ses talents en pratiquant la brasse, puis l’indienne, sur le côté, le dos crawlé et un peu de nage sous-marine. Elle en trépignait presque d’enthousiasme, parlant sans arrêt. Se frappant la poitrine, elle lui a fait comprendre qu’elle voulait apprendre tout cela également. Il a acquiescé d’un claquement de langue…

La nuit étant proche, elle lui a fait signe qu’il était temps de rentrer et ils se sont mis en marche. Elle était si belle, l’ovale de son visage souligné par ses longs cheveux mouillés, qu’il a eu envie de lui prendre la main. Ça lui a donné l’idée de tendre le petit doigt, comme il le lui avait vu faire avec le garçon, plus tôt. Du coup, elle a piqué un fard monumental, baissant les yeux sans répondre. Dégrisé, il s’est moralement botté les fesses et a continué à marcher. Avec surprise, il l’a vue pénétrer dans le bungalow avec lui. Il y avait maintenant trois hommes et deux femmes qu’il ne connaissait pas, et une ribambelle de gosses de tous les âges. Meztiyano a entrepris de leur raconter leurs exploits et ils ont eu à nouveau des regards admiratifs… qui l’ont gêné, cette fois.

 

Au bout d’un moment, d’autres indigènes ont commencé à arriver, hommes et femmes, saluant la femme qui préparait la nourriture dans l’après-midi et qui doit être la maîtresse de maison, puis Louro et enfin l’assistance, chacun répondant joyeusement. Curieusement, les nouveaux arrivants portaient tous un plat de terre cuite couvert d’un morceau de tissu. Cal a compris un peu plus tard lorsque tout le monde s’est mis à manger. Ils avaient apporté leur propre nourriture, s’invitant à passer la soirée ici mais sans pour autant jouer les pique-assiettes. Il s’agissait là d’une certaine pudeur, d’un respect des autres indiquant que la race avait atteint un certain degré d’évolution. Pourtant, il y avait, à côté, de telles lacunes !…

Pour essayer de respecter lui aussi la coutume, il est allé chercher sa viande fumée. Son retour a été accueilli par des hochements de tête approbateurs, mais la maîtresse de maison lui apportait au même instant un plat rempli de galettes et d’une sorte de ratatouille. Chose curieuse, Cal n’a pas eu de geste de répulsion pour tout cela. Il l’a accepté naturellement. Et tout aussi naturellement, il a tendu à la femme sa viande fumée qu’elle a acceptée d’un sourire satisfait. Elle avait décidément un visage respirant le bonheur et la paix.

Au milieu de l’assemblée, Meztiyano recommençait son récit, répondait aux questions des invités. Il semblait qu’elle, au moins, était véritablement invitée car on lui avait donné un plat.

Chacun mangeant avec ses mains, Cal a plongé courageusement lui aussi. La ratatouille était composée de légumes au goût bizarre, pas désagréable d’ailleurs, mélangés à de la chair de poisson. Une jarre d’eau circulait que les assistants saisissaient, après avoir essuyé leurs mains à leurs mollets. Surprenant à première vue, mais ils allaient si souvent à l’eau que finalement le geste n’était pas si malpropre que ça. Lorsque son tour est arrivé, il a fait la même chose puis, après avoir bu, a regardé Meztiyano :

— Basoloz.

Là ce fut le succès, le rire général : l’étranger connaissait le mot « eau ».

A la fin du repas. Cal a demandé la jarre une nouvelle fois puis, l’amenant à la porte, il a fait couler de l’eau sur ses mains pour les laver. Il y eut un petit silence interloqué, et une jeune femme s’est levée pour se laver elle aussi, lançant un regard triomphant à Meztiyano ! La jeune fille a blêmi et, à son tour, est venue se laver les mains avant de retourner à sa place d’un air dédaigneux. Après, c’était la queue…

De grands feux avaient été allumés dehors devant les bungalows et, plus loin, vers le sous-bois. Ils diffusaient suffisamment de lumière pour éclairer le village.

Et puis il y a eu un cri, une sorte de meuglement rauque, et en une seconde tous les indigènes avaient disparu dans les bungalows.

 

*

 

Stupéfait, Cal se retrouve seul à la porte de l’habitation. A l’intérieur, plus un bruit.

Une main lui saisit le bras. C’est Louro qui lui fait signe impérativement de se mettre à l’abri. Mais de quoi ?

Un piétinement dehors et trois antilopes-léopards apparaissent là-bas, entre les feux les plus espacés, du côté du sous-bois. Elles ont un air redoutable et, comme si elles le savaient, s’immobilisent, la tète levée, les deux longues, terribles cornes menaçant le village silencieux.

Un gémissement leur provient du bungalow le plus proche et, derrière lui, Cal sent les indigènes s’agiter. À ce moment seulement il aperçoit un enfant de trois ou quatre ans assis dans l’herbe, le visage déformé par la peur. Il pleure en silence et cela, plus que tout, bouleverse Cal qui se retourne vers Louro en lui montrant l’enfant. Il y a de la colère et aussi de la résignation dans les yeux du grand gars qui secoue lentement la tête. Apparemment, personne ne va bouger.

— Ce n’est pas possible, il faut aller le chercher, Louro !

A son nom, l’indigène relève la tête et la secoue à nouveau, montrant les trois antilopes qui piétinent sur place maintenant.

L’enfant a tourné la tête vers le bungalow voisin où doit se trouver sa mère, mais la peur le cloue toujours sur place. D’ailleurs, il n’aurait pas le temps de se mettre à l’abri. Les bêtes sont trop rapides.

Cette fois. Cal n’y tient plus. Ce n’est pas qu’il soit héroïque, ni même particulièrement courageux, mais sa conscience le pousse en avant malgré sa frousse. Sa conscience, mais aussi une colère née de la réaction des indigènes devant un ennemi trop fort pour eux. Louro n’est pas un lâche. Cal l’a bien vu hier. S’il ne bouge pas, c’est qu’il sait n’avoir aucune chance.

La lance est restée dans la pièce à côté et Cal va la chercher. À son retour, Meztiyano agrippe son bras, murmurant inlassablement lou, lou, lou : non, non, non…

Cal détache la main, la serre fortement, la porte à ses lèvres. Puis il sort, la lance pointée vers le ciel.

A petits pas, il avance vers l’enfant. Les antilopes l’ont vu et trois paires de cornes s’orientent vers lui.

Encore 10 mètres. Tout en marchant, il ne cesse de surveiller les fauves, essayant d’anticiper sur ce qu’ils vont faire, pour agir. En fait, tant qu’il n’aura pas mis l’enfant à l’abri, il sera piégé, obligé de s’occuper de sa sécurité et de celle de l’enfant. Le seul espoir est que les antilopes n’attaquent pas en même temps.

Pour l’instant, elles remuent, manifestement en colère. Les feux ! Elles ont peur du feu, puisqu’elles ont choisi l’endroit le moins éclairé. Il faudra tenir compte de ça.

Voilà l’enfant. Au moment où Cal va le saisir, une antilope fait un bond en avant.

— AAAAAHHHHH !

Cal a lancé un long cri tout en baissant sa lance. Stoppée net, l’antilope ! Plus de temps à perdre, il saisit l’enfant par un bras et court vers l’arbre le plus proche. Un piétinement derrière. Il ne veut pas se retourner pour éviter de perdre ne serait-ce que quelques dixièmes de seconde. A 2 mètres du sol, une branche fourchue. Sans ralentir, il lance presque l’enfant qui s’agrippe à la branche comme un petit singe. Le tronc, maintenant. Cal bondit derrière, a le temps de voir arriver une forme tachetée et passe de l’autre côté. Il s’en est fallu de peu.

L’antilope relève la tête, surprise de ne pas avoir encorné son ennemi et le cherche du regard. Il ne faut pas rester là. L’enfant n’est pas totalement à l’abri. Cal a une idée. Sans perdre un instant, il démarre à toute vitesse vers le feu le plus proche. L’antilope l’a vu, elle s’élance à son tour.

Cal stoppe net, fait demi-tour et appuie l’arrière de la lance contre le sol, dirigeant la lame vers la bête qui arrive au grand galop, la tête baissée. Il n’a que le temps de viser le cou au ras de la tête et le fauve vient s’empaler dans un choc tel que Cal est projeté en arrière et roule au sol à plus de 5 mètres. Lorsqu’il se relève, il aperçoit l’antilope couchée sur le flanc, le cou transpercé de part en part, les pattes s’agitant frénétiquement, un sang épais jaillissant de la blessure. Il n’a pas le temps de crier victoire, un piétinement sourd lui apprend que les deux autres antilopes chargent. Il s’élance vers le feu. Tout à l’heure, il a repéré deux branches à moitié dans les flammes. Il en saisit une dans chaque main et fait face aux bêtes qui s’arrêtent, pattes raidies, dans un nuage de poussière et de brins d’herbe. Ça marche ! Elles ont peur du feu !

Sans attendre. Cal poursuit son avantage, poussant un nouveau cri et bondissant, les torches pointées devant lui. les antilopes reculent de quelques pas, agitant furieusement la tête. Mais il ne veut pas en rester là et fonce vers elles. Il a démarré si vite qu’il est sur elles avant qu’elles n’aient bougé et il frappe de toutes ses forces le museau le plus proche. Avec un meuglement de terreur, l’antilope fait demi-tour et s’enfuit au grand galop, laissant sur place une odeur de poils grillés. La seconde a fait demi-tour, elle aussi, mais elle court moins vite et Cal lui lance violemment l’une des torches qui touche la croupe. Cette fois, c’est la victoire, elle s’enfuit à son tour.

Un petit cri derrière, il se retourne à toute vitesse, la dernière torche brandie… C’est l’enfant qui pleure ! Alors la détente se fait et Cal se met à trembler de tout son corps. Il ne voit plus rien, ne sent plus rien.

Il reprend conscience plus tard, entouré d’indigènes qui le touchent aux épaules, aux bras, partout ; Meztiyano est là, le regardant avec des grands yeux apeurés, sans oser s’approcher. Alors il avance, lui prend la main et la porte à ses lèvres, sans la quitter du regard. Elle sourit et la frayeur quitte ses yeux. Elle prend sa main à son tour et cette fois, c’est elle qui la baise doucement.

— Oh ! Mez, dit-il, tu es merveilleuse !

Louro est là qui prend l’épaule de son ami et l’amène contre lui en une sorte d’abrazo étonnant. Tout le village l’entoure, le presse, racontant déjà l’exploit à ceux qui n’ont rien vu et seulement entendu le combat.

Plus tard, bien plus tard, après qu’une jarre de liquide fermenté eut circulé parmi les assistants assis entre les feux, immenses maintenant. Cal rejoint le bungalow et s’étend sur les peaux. A peine est-il allongé qu’il sombre dans le sommeil.

 

*

 

Ce matin encore, il se réveille avant le jour. Tout le monde dort. À l’autre bout de la pièce, le vieil homme ronfle joyeusement. Dans les autres pièces où Cal jette un coup d’œil, hommes, femmes et enfants dorment aussi. En fait d’hommes, il n’y a que Louro et le vieillard. En revanche, il y a trois femmes, plus la maîtresse de maison qui doit être la mère de Louro, et six enfants. Meztiyano n’est pas là. Elle ne doit pas appartenir à cette famille. Pourtant Cal avait cru qu’elle était la sœur de Louro. Peut-être est-elle mariée, peut-être vit-elle avec un autre homme ? À ces pensées, il a soudain mal. En si peu d’heures, elle lui est devenue chère ; il est vrai qu’elle est si belle…

Sortant du bungalow, il fait quelques pas dehors. Les feux sont éteints. Il s’assied dans le noir, au pied d’un mur, mais les immondices sont là tout près et leur odeur le fait fuir. À tâtons, il va vers un arbre et s’y adosse. Décidément, il va falloir faire quelque chose : peut-être pourrait-il utiliser sa célébrité momentanée pour leur enseigner des rudiments d’hygiène ? Tout à l’heure, il va retrouver Mez pour continuer ses leçons. Il faudra aussi aider les hommes à pêcher et chasser. Peut-être là aussi pourra-t-il être utile. Il songe soudain à ce que représenterait une brouette ici. La roue ! Bon Dieu, il se souvient brusquement de ce bouleversement dans l’évolution humaine qu’a été la roue ! Finalement, il connaît quantité de choses qu’il pourrait leur enseigner ! Son esprit travaille maintenant à plein régime, envisageant tout ce qu’il peut apporter à cette race.

« Oui. Mais d’abord, parler leur langue », se dit-il pour se calmer.